Joyce Hatto est pianiste.
Dans les années 50 et 60 elle a connu son quart d’heure de gloire en tant que concertiste. Rien d’exceptionnel mais elle acquiert une certaine renommée notamment grâce à l’interprétation d’œuvres difficiles comme celles d’Arnold Bax.
Puis le cancer lui tombe dessus en 1976. Elle doit arrêter les concerts, elle disparaît alors de la scène internationale tant son état se dégrade et la douleur générée par la maldie vive.
20 ans plus tard, quelques enregistrements de Joyce apparaissent sur le marché. Avec l’aide de son mari, elle a enregistré à tour de bras, durant les années 90, des œuvres de compositeurs aussi diverses que Messiaen, Prokofiev ou encore Mozart.
Les critiques commencent à s’intéresser (enfin) à ses interprétations et dans le petit milieu de la musique classique elle acquiert une aura importante forgée par sa maladie et sa miraculeuse réapparition, mais aussi par le mystère qui l’entoure car personne ne peut la rencontrer, ni la voir jouer.
Finalement Joyce perd sa bataille contre son cancer et meurt en juin 2006 au fait de sa micro gloire.
Un mythe semble né.
Pourtant certains s’interrogent sur son cas, cette fulgurante perçée malgré une maladie dévastatrice, on évoque une supercherie, mais sans preuve.
Fin du 1er acte.
En février 2007 un mélomane américain veut transférer des titres de Joyce Hatto sur son I Pod avec l'aide d' I Tunes. La base de donnée du logiciel ne reconnaît pas les titres, mais à la place donne le nom de Laszlo Simon, pianiste hongrois. Surpris l’homme farfouille un peu partout et fini par se rendre compte qu’ effectivement les titres de Hatto sont identiques à ceux joués par Simon quelques années auparavant.
La machine est en marche, le deuxième acte commence et sera bref.
Classics Today est prévenu de cette troublante découverte, des tests sont effectués en laboratoire et peu à peu la supercherie est mise à jour. Les titres commercialisés ne sont effectivement pas joués par Joyce Hatto, mais proviennent de quantités d’enregistrements extérieurs, souvent confidentiels pour éviter les recoupements et traités informatiquement pour, par exemple, garder la tonalité mais modifier le tempo et commercialisés sous le nom de Joyce Hatto.
Son mari a fini, fin février, par reconnaître la manipulation, en assurant que cela avait été fait, sans que sa femme le sache, non à des fins commerciales mais pour permettre à celle ci de finir sa vie, bercée par l’illusion d’une reconnaissance critique enfin acquise.