Je dois dire de prime abord que je n'aime pas trop Manu Larcenet.
Sa casquette, son air de gros beauf ventru, l'impression qu'il est toujours en train de raler, son amour immodéré pour le punk crétin US, sa série Donjon, voir même son trait m'agacent.
Pourtant sa série du Combat ordinaire (4 tomes) est loin de ce qu'il semble être et forme un ensemble cohérent et extraordinairement agréable à lire.
Le héros, Marco, est photographe en panne d'inspiration au début du tome 1. Il traverse une grosse crise existentielle que l'on qualifiera "de la trentaine" et subit de plein fouet d'importantes crises d'angoisses qu'il gére dans l'urgence avec des anxiolitiques parfois pris à la chaîne et une psychothérapie régulière mais pas très concluante.
Au fur et a mesure des pages et des épisodes on va découvrir ses parents, la maladie de son père, sa mort puis son absence à gérer, la fermeture des chantiers navals où travaillait son paternel, sa liaison avec une fille qui va vouloir un bébé alors que lui ne veut surtout pas changer de type de vie, le monde hypocrite branchouille parisien et un voisin qui cache de vieux secrets qui lui collent à la peau.
Bref en 4 tomes Larcenet réussit le tour de force de parler de la mémoire et du pardon, de la création artistique, de la paternité à venir et de l'héritage laissé par son propre père lors de sa disparition et d'autres choses encore, de manière profonde et simple, sans oublier d'être superficiel parfois (les délires avec son frère "Georges" par exemple).
Dans cette série on se demande évidement quelle est la part d'histoire personnelle que Larcenet nous laisse là entrevoir (précisons que Marco aime lui aussi le punk rock et qu'il a un look proche de son auteur).
En tout cas qu'elle soit partielle ou totale, cela permet de tracer un chemin à part dans son oeuvre et de créer une série cohérente qui met en avant des questions ou des situations assez peu présentes dans la BD contemporaine me semble t il (la difficulté d'avoir des parents agés, l'angoisse de la création par exemple).
Larcenet avec de petits détails (les yeux qui deviennent des ronds blancs par exemple lors d'une violente émotion) surprend son lecteur, le touche simplement. Il se permet des pages entières de réflexions plus personnelles, comme autant de parenthèses dans l'histoire pour donner à son Combat ordinaire (pour vivre, exister) une profondeur insoupçonnée dans une BD contemporaine.
Fortement recommandé donc.
Commentaires
J'ai été marqué par la profondeur du 4. Je crois qu'il faut le lire plusieurs fois pour saisir tous les sens, les enjeux( ce que je n'ai pas encore fait ). Tu ne parles pas du coté "politique" pourtant c'est ce qui m'a marqué sur le dernier. Mais sinon en effet, vraiment à recommander.
Merci
Merci Hécate ! :)
merci pour ce billet, un aller-retour chez Experience s'impose !
Larcenet, c'est paradoxal: le personnage est bien parano (cf son blog que je lis quasiment plus à part pour ses coups de coeur BD) et il arrive à te pondre cette série tout sauf ordinaire et vraiment touchante...
Allez comprendre !
merci pour ce billet, un aller-retour chez Experience s'impose !
Larcenet, c'est paradoxal: le personnage est bien parano (cf son blog que je lis quasiment plus à part pour ses coups de coeur BD) et il arrive à te pondre cette série tout sauf ordinaire et vraiment touchante...
Allez comprendre !
Il a fallu que je lutte, hier à la FNAC, pour ne pas faire fondre ma carte bleue en prenant la totale de cette série, en plus de tout ce que j'avais déjà dans les bras...
tout ça à cause de cette fichue note ! Ah bin bravo, hein, merci bien ! Nan mais j'vous jure ! Dire que je ne suis pas à l'abri de flancher prochainement... Pfffffffffffff
Je te rappelle qu'on a le pouvoir d'achat et le moral dans les chaussettes, ces temps-ci ! Trop dur le supplice de tantale !!
Merci en tout cas pour ta question chez moi, la procrastination cette salope m'a empêchée de faire une note post-concert. Chose à présent semi-faite par le biais de ma réponse !
j'ai donc un pouvoir de persuation sur mes lecteurs à distance
intéressant !!!
par contre Bil achete donc tes pitites BD chez un pitit magasin de BD plutôt, la FNAC n'a pas besoin de tes ronds
c'est vrai j'ai fais l'impasse sur la dimension politique de cette série mais j'avoue ne pas être très convaincu par la scène dans le bar dans le tome 4, je vais aussi relire ça
très bientôt je vous parle de Walking Dead qui risque aussi de faire fondre votre CB pour peu que vous aimiez les zombies c'est vrai
Ah Larcenet... Raôul, le jeu de rôles qui sent sous les bras, Bill Baroud et autres crétineries dans Fluide Glacial...
Il est devenu vachement sérieux...
salut dragibus,
tu m'as très souvent laissé des commentaires sur mon blog mais moi je n'en ai jamais laissé sur le tien = je suis timide ;-)
je profite de cette chronique pour le faire : je suis globalement d'accord avec toi sur le fait que "le combat ordinaire" est une bonne BD. je partage aussi ton avis sur le fait que le trait de larcenet n'a rien d'extraordinaire. par rapport à tes critiques je rajouterais le fait que c'est parfois un peu "politiquement correct".
mais effectivement ce qui m'a le plus touché dans cette oeuvre, c'est le rapport au père. ça m'a rappelé (même si ça n'a rien à voir) la BD de taniguchi "le journal de mon père" qui aborde avec à mon avis plus de réussite encore les rapports troubles entre un père et son fils.
tu as bien fait de conseiller "le combat ordinaire" à tes lecteurs.
@+