C’est assez déroutant quant au détour d’une phrase, votre mère, qui a dépassé les 8 décennies, vous annonce brusquement qu’elle est en train de faire du tri chez elle pour que l’on n’ait pas trop de choses à ranger au moment de son décès, qu’elle imagine certainement prochain.
Elle nous parle de factures, de talons de chèques, de lettres reçues pendant la guerre, de cartes postales collectionnées toutes ces années ou envoyées par un tas de gens aujourd’hui morts ou oubliés, le tout empilé dans une armoire à l’abri du temps et de la lumière.
Bref de petits bouts de vie qui vont s’en aller dans un grand néant en plastique.
Des petits bouts de vie connus d’elle seule qui une fois disparue n’auront alors plus de sens pour personne.
J’ai déjà imaginé ces moments où vous devez affronter la maison ou l’appartement pour le vider ou le ranger.
Seuls certains visages sur des photos Kodak carrées ou un livre d’enfance tombé dans l’ombre d’une penderie m’évoqueront bien quelque chose.
J’userai alors ma mémoire à essayer de me souvenir, un flash remontera peut être alors à la surface, un sourire béat s’affichera alors sur mes lèvres, je serais à ce moment là connecté pendant quelques secondes à un moment oublié de ma vie puis rapidement tout cessera, le fil se rompra.
Je ne sais trop quoi penser de ces quelques phrases lancées dans la voiture qui l’emmenait fêter les 3 ans de son petit fils, qui aura réussi à nous concocter un weekend tout naze à base d’énervements, de caprice et de hurlements divers et variés lui habituellement si calme le petit chéri……
Un pressentiment ? L’aveu anodin d’une femme organisée ?
Le futur ne s'annonce en tout cas pas prometteur.