On imagine un gars souffreteux, atteint d'une pathologie mentale ou d'une vilaine maladie de peau qui le tient caché des hommes, loin, dans un appartement insalubre ou une cabane dans les arbres.
On imagine un espèce d'ermite à longue barbe et au regard halluciné qui a comme seuls amis des instruments épars : une guitare, une batterie avec 2 toms, une vieille basse, un sampleur, un micro cassé et un vieux DAT.
On imagine un croisement entre Tricky et le John Frusciante des premiers albums, car Gonjasufi a une tête qui fait peur et une voix sans pareil, limitée qui hurle, murmure, toujours sur le fil prête à casser ("She gone").
On imagine une pièce poussiéreuse qu'il n'a pas quitté depuis longtemps, de la lumière rasante, des fenêtres cassées, un carton qui remplace les carreaux, des bouteilles qui traînent un peu partout, de la vaisselle sale dans l'évier ou par terre.
Et on se retrouve avec un album dont ne sait trop quoi.
Du rock psychédéliquo/garage ?
Du trip hop cramé ?
Du disco louche (("Candylane") ?
Du karaoké ?
Oui car a plusieurs reprises on a l'impression que, la flemme l'envahissant, le bonhomme a enregistré sa voix sur un disque de musique indienne ("Kowboyz and indians") ou un vieux titre de Hooverphonic ralenti ("Change") jouant en arrière plan.
Bref on se retrouve avec un album délabré, parfois presque inachevé, un vieil édifice ouvert à tous les vents, loin de toutes les productions policées, surproduites actuelles.
OVNI de ce début d'année en tout cas
Video : "DedNd"