(Jardin métropolitain par Chach Coati)
Nous sommes en retard.
Pourtant il nous attend, dehors, sans impatience, le nez en l'air avec son air d'éternel adolescent.
Il habite dans un petit immeuble de 2 étages, au fond d'une impasse.
En bas il y a un grand jardin, comme ceux que l'on trouvait chez nos grands parents, où l'on passait l'été à porter de lourds arrosoirs, en marchant soigneusement sur des planches le long de lignes impeccables d'haricots verts ou de patates.
Son appartement est constitué de 2 petites pièces qui sentent le tabac et le renfermé.
Il nous reçoit dans la cuisine, nous restons debout faute d'invitation à nous asseoir.
Sur la petite table sont impeccablement alignés 2 fourchettes, 2 assiettes, 2 verres et un tupperware mystérieusement percés d'une vingtaine de petits trous.
Il répond à nos questions, parfois complètement à côté, mais ne s'en rend pas compte.
Certains moments il nous fixe profondément, puis perd le fil de sa pensée fragile, de longs silences s'installent alors.
Deux ou trois fois il se met à fixer le plafond, les yeux écarquillés.
Nous parlons, ils nous écoute poliment mais les mots semblent glisser sur lui.
Il posséde une guitare dans sa housse, posée dans le couloir. Il nous dit ne jamais avoir réussi à en jouer et qu'il veut s'en séparer et quitter cet appartement.
Il semble parfois se rendre compte de la maladie dans laquelle il est engoncé. Mais ses journées sont identiques, sa vie n'avance pas.
Il a 31 ans, il vit au fond d'une impasse, dans un lieu étonnant pour une grande ville comme Lyon, comme un bout d'enfance qui aurait survécu au milieu du béton, des travaux alentours.
Lui aussi il est resté coincé quelque part dans sa vie, à l'abri du temps qui passe, qu'il ne comprend d'ailleurs certainement pas.
Commentaires
Difficile de laisser un commentaire sans du coup avoir le sentiment d'un regard voyeur...
suis d'accord difficile de commenter ça mais bon pas grave l'important pour moi c'est que ce soit écrit