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Karaoké

  • Sale défaite

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    Des fois dans la vie réelle je travaille.

    A mon travail je côtoye des vrais gens, avec des noms et tout et pas juste des pseudos.

    Parfois ces gens ont 40 ans et donc, gentiment, vous invite à venir constater ce fait avec eux et plein d’autres personnes,  que bien sûr vous ne connaissez pas ni de Julie Piètri ni d’Adam, dans un environnement chaleureux : en général une salle des fêtes perdue soit dans un patelin de 200 âmes pour lequel l’expression  « désertification rurale » a été inventée, soit dans une zone industrielle où ne circulent le week end que des CLIO de la Securitas et ses chaleureux vigiles et amis à 4 pattes muselés.

    Samedi c’était donc dans ce second lieu que la soirée des 40 ans de ma collègue-qui-partage-mon-bureau se déroulait.

    D’abord arrivée en retard d’une heure histoire à cause d’une sombre histoire d’apéro et d’entrée de parking que l’on distingue alors mal.

    Une fois entrés, 2 autres collègues étaient aussi invitées, c’est le choc.

    90 personnes sont présentes dans la salle avec sa traditionnelle estrade au fond, dont une trentaine de gamins de 5 à 10 ans qui courent de partout en hurlant comme les possédées de Loudun.

    On sent tout de suite une atmosphère que l’on qualifiera de » familiale » c’est à dire musique basse et lumière à bloc, évidemment personne ne fume et on ne boit que modérement.

    Je retrouve d’autres collègues de boulot et bien sûr la conversation embraie (enfin moi je freine mais peine perdue) immédiatement sur les 2 seuls points qui nous unissent : le boulot et les gosses.

    Bref la grosse déconne, toujours aveuglés par les spots blancs et bercés par un fond sonore plutôt propice aux achats chez Auchan (remarquez mes 2 collègues se sont tapées elles la présentation de toute la famille).

    On fini l’apéro (enfin notre verre en plastique blanc contenant un liquide indéterminé) et on passe à table (il y en a 9 en tout c’est important pour la suite). Ce sera le seul quart d’heure de la soirée où les diables courts sur pattes daigneront arrêter de courir et de brailler.

    Buffet pour tous.

    Les trolls voyant que celui ci se compose pour majorité de salades et de légumes dont ils ne connaissent même pas le nom (« des ca quoi ?? carottes non non je ne vois pas ») décident de commencer une bataille de boulettes de pains, croquent un bout de pizzas et illustrent à merveille le proverbe « le calme avant la tempête » en  recommençant rapidement à courir en tous sens (toujours en hurlant pour être tout à fait cohérents avec le début de soirée).

    On passe ensuite au long tunnel » karaoké ».

    Et oui vous ne le saviez pas mais pour animer une bonne soirée en 2007 rien de mieux qu’un ........... karaoké.

    Et c’est là que le nombre de table est important : toutes les tables sont passées (et ont dû mourir de honte) devant l'estrade pour chanter une chanson inoubliable dans une orchestration dépouillée au possible digne des grandes heures des Bérus en 1983 à Palikao.

    Pour notre part c’étaient « les colonies de vacances », certains ont eu « Daniela » de Elmer Food Beat, la grande classe au niveau des paroles que tous les gremlins (pour une fois un peu apaisés pour cause d’écran qui brille) ont pu lire en intégralité ou « Cendrillon » une belle chanson sur la drogue, la dépendance et la déchéance (mais personne n’a rien remarqué je vous rassure).

    Après 1H30 de lecture on est passé à la distribution des cadeaux et bien sûr aux inamovibles sketches des amis et de la famille (qui se sentent toujours obligés dans ces cas là de tirer les même grasses ficelles et allusions légères.) à base de mecs nus avec un chapeau sur la bite, de saynètes d’enfants empruntés, de "Yesterday" massacré à la guitare et de chansons aux paroles détournées pour retracer l’histoire de l’heureuse élue (et de son mari lui aussi affligé de 40 ans).

    Bref nous avions déjà un pied dans la tombe.

    Le coup de grâce fut donné quand au lieu de passer la playlist que j’avais gentiment téléchargée la veille (mélange de trucs pour danser type Abba, Justin Timberlake et des saloperies 80’s)  "la compil du lapinou" se répandit dans l’air et pénétra dans nos systèmes nerveux pour les détruire totalement.

    (Et je ne vous parle même pas du champagne bouchonné qui nous fut versé à 2 heures du matin sonnant en cela l’heure de la retraite précipitée vers mon carrosse cabossé et un lit douillet.)