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septembre

  • En attendant septembre

     

     

     

     

     

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    Il y a bien une lampe dans un coin du salon, mais le halo de lumière s’amenuise vite quand on est à un autre bout de la pièce en train de jouer avec ses voitures et ses soldats.

    Quand on a 8 ans ce n’est pas bien grave, les jeux enfantins s’accommodent bien d’une part de mystère que la trop rare lumière entretient.

     

    Dehors il fait déjà presque nuit, malgré qu’il ne soit que 18 heures.

     

    On sent le froid quand on est proche de la vitre.

     

    On voit là dehors pleins de points lumineux alentours, signalant un voisinage accaparé par les taches du soir : les devoirs, le bain, les jeux en pyjama, la préparation du repas du soir ou la contemplation de la télévision qui diffuse les aventures « d’un monstre gentil, oui c’est un paradis ».

     

    On entend aussi les cris des merles qui profitent des dernières lueurs de la journée pour voler en désordre dans le ciel presque noir.

     

    Nous sommes dans le dernier trimestre de l’année, de n’importe quelle année en fait à partir de mes 6 ans.

     

    Nous sommes durant ces mois terribles, froids, secs, chiches en lumière, qui suivent l’été et tous ces petits bonheurs.

     

    Vous savez cette époque où il fallait retourner à l’école, assister à la chute des marrons dans la cour de récré (pourquoi y a t il toujours des marronniers dans toutes les cours d’école de France, est ce l’action d’un lobby arboricole particulièrement efficace ??), se familiariser avec de nouvelles têtes, les habitudes maniaques des nouveaux profs ou des instit, subir le froid pendant les récréations, voir les jours décliner et au final se réduire à de pathétiques virgules, moches et grises.

     

    L’été semblait bien loin, le bronzage sur nos peaux avait disparu, il ne restait plus beaucoup de signes tangibles de ces semaines magiques.

     

    Nous échangions bien encore des lettres avec des copains ou des amours de vacances que nous imaginions durer toute notre vie. Nos parents avaient fait développer quelques clichés Kodak pris au bord de la plage ou sur la route à la sortie du village de mamie pour témoigner de ces moments là.

     

    Mais inexorablement nous savions que la partie contre le général Hiver était perdue, nous allions avoir froid et il fallait se mettre en rang au son de la cloche et ne pas courir dans les couloirs.

     

    Depuis toutes ces années j’ai gardé un dégoût profond pour le mois de septembre, pour la « rentrée », pour l’automne et ses feuilles tombantes qui ont fait frémir des générations de poètes exaltés et complètement stupides, pour ce changement d’heure dans le mauvais sens, pour ces couchers à 20H30, pour cette organisation qui se remet en route loin du folklore désorganisé des vacances, pour cette période qui succède à l’été et qui semble piétiner nos souvenirs inondés de lumière.

     

    Je me souviens encore parfaitement des cris des merles, le soir.