Le nom de Patrick Bateman doit rappeler pas mal de chose à certains d’entre vous.
Si souvenez vous ce golden boy new yorkais des années 80, héros du perturbant "American Psycho", travaillant dans une grosse boite de Manhattan, plein d’argent et de dédain pour les autres, qui passait ses soirées dans des restos hors de prix à comparer ses cartes de visite avec ses collègues de bureau, tout en dissertant sur le dernier album de Whitney Houston ou de Huey Lewis.
Cette face là cachait des penchants plus sombres consistant à tuer des clochards ou à torturer des putes avec des rats ou des cintres, pour rien, pour peut être se sentir vivant, lui qui vivait dans un monde complètement factice, fait d’apparence et de marques de vêtements citées à longueur de page (le fameux « name dropping »).
Par la suite une série US à quelques temps mis en scène Jim Profit , dormant dans un carton dans son luxueux appartement la nuit et travaillant le jour dans une grosse boite de finance encore, qui poussait ses collègues de travail à s’entredéchirer pour en tirer bénéfice professionnellement. Rapidement la série à été stoppée sans même aller au bout de la première saison, les héros amoraux étant quand même encore un tabou rarement exploité. (Pour mémoire Patrick Bateman lui s’en sort…).
Ô surprise la rentrée 2006 voit l’apparition d’un nouveau héros télé pour le moins ambigu : Dexter Morgan.
Lui est policier et travaille à la section scientifique de Miami, sa spécialité c’est le sang. On se dit alors rapidement lui au moins il est du bon côté, avec les gentils, où est le problème ??
Le problème est que Dexter est en fait un authentique psychopathe, complètement investi dans son boulot, surdoué même, mais qui passe à l’acte régulièrement pour tuer et démembrer des criminels qui sont passés au travers des mailles de la justice. Tout cela fait penser à une espèce de justice, mais Dexter ne raisonne pas comme cela, il est incapable d’empathie ou de sentiments envers son prochain (il entretient une relation amoureuse douloureuse et difficile au possible) et une fois ses actes il ne prévient jamais la famille du ou des victimes pour leur signifier que « justice » a été faite en quelque sorte.
Non ces meurtres sont justes le moyen de canaliser ses pulsions violentes qui autrement auraient cours envers des innocents. Voilà la base de la série qui rapidement se corse quand un tueur en série apparaît, tue des gens et les vide de leur sang, les découpe, faisant penser alors à des poupées de Hans Bellmer et rapidement engage un jeu macabre avec Dexter.
Pour la morale on repassera, je vous l’accorde, surtout en créant là un tueur appartenant à la police, mais avec ce « héros » hors norme et les autres affaires qui rapidement se tissent en arrière plan (serail killer, mafia locale, flash back sur la vie antérieure de Dexter et de sa sœur elle aussi flic…) on tient là une série efficace, haletante, qui laisse un goût étrange dans la bouche, comme un vernis à ongle amer auquel peu à peu on s'habitue.