L’indéboulonnable rockeur devant l’Eternel, le mètre étalon du bon goût français que personne ne connaît hors de nos frontières, l’homme sans identité qui ne sait s’il est français, suisse, belge vivant ou monégasque nous annonce qu’après 50 ans de tournées à travers le monde la France, il est temps d’arrêter les conneries, de raccrocher les santiags et de regarder grandir sa fille.
Enfin une lueur de lucidité dans l’esprit du grand amiral français du rock and roll en plastique.
Fini les combats bidons sur la scène du stade de France, fini les arrivées en hélicoptère, à pied, en calèche, fini les casques de moto ridicules à la Mad Max, fini la Peur, fini les permanentes, fini les tours de chant pour servir aux foules décaties les morceaux pitoyables de son nouvel nouvel nouvel nouvel nouvel album écrit par Zazie, Goldman, Shakespeare ou encore Michel Berger (blanc).
Enfin notre beau pays va pouvoir souffler, les heures noires de la chanson française vont prendre fin.
Il ne manquera plus qu’à mettre au placard Michel Sardou et ses prestations de constipés et on aura réglé le cas des années 50, 60 et 70 et de ses avatars pathétiques.
Reste le cas Johnny et son statut d’icône populaire française à laquelle personne n’ose toucher de peur de faire tout tomber toute la vitrine..
Tout le monde aime Johnny, tout le monde l’adoooooooore, tout le monde pense qu’il joue du rock, qu’il est l’incarnation d’une forme de rébellion métaphysique et que sa vie est une vaste étendue mystérieuse, jonchée de cactus et de poussière, un espèce de far west fantasmagorique peuplé de joueurs de blues diaboliques, d’Elvis qui clignotent et plus largement de toute la mythologie américaine que trimballe le rock depuis le début.
Alors qu’en fait Johnny chante juste de la variet’ moisie, sans envergure, comme seule la Star Ac’ sait en produire, avec un univers plutôt proche d’un Buffalo Grill de Montargis, devant un public qui pense que le summum du bon goût se matérialise par le port de T shirt avec des loups, des camions voir pour les plus audacieux, des indiens.
A l’heure de son décès il va se poser alors la question de savoir ce que la France va faire du personnage.
Non de son corps mais de son image, de son aura qui bien sûr a pénétré au plus profond de l’inconscient collectif de la Nation pendant toutes ces décennies.
Sarkozy versera une larme, chacun ira de son couplet sur l’étendue du génie du grand homme, on aura le droit à des émissions spéciales où Nikos fera un show pathétique en demandant au public de reprendre en cœur « toute la musique que j’aime » ou « Laura ». des trémolos dans la voix, devant un parterre d'hommes politiques ou de gens connus qui tous la main sur le coeur jureront que c'est en ce jour un bien triste moment pour notre beau pays.
Bref devant tant de désolation, de culture amputée, de magnificence française brusquement jetée à terre je pense qu’il serait de bon ton de proposer un jour de deuil national, voir de jour férié par la suite pour permettre au pays de se souvenir et aux masses de fans transis et plus étanches de prier en paix dans le silence de leurs esprits écornés par des années de beuglement du seul rockeur mondial encore en activité.
Ma seule crainte c’est alors que notre Jojo fasse le con et qu’il ne meure un 15 août ou le 1er novembre…..