En écoutant quelques titres du nouvel album de Massive Attack "Heligoland" il m'est venu quelques réflexions éparses.
Quand en 1991 sort "Blue lines" leur premier album on est alors au début de la déferlante grungoïde avec Nirvana et ses amis en chemise Alice In Chains, Soundgarden and co.
Soudain déboule un groupe au tempo lent, qui ne fait pas du rock et truffe ses titres de références soul, d'électronique, mais avant la techno sous toutes ses formes, de dub et de scratches, une espèce de fusion assez inédite il me semble, sans mecs en short, ni basse slappée non plus.
Paf !! Le trip-hop est né.
Bon personne ne sait vraiment ce qui se cache là dessous, mais pendant les années suivantes Massive Attack, Portishead et Tricky vont devenir les rois du monde.
Tout est trip-hop, tu es trip-hop, le monde entier est trip-hop, les suiveurs sont légions (cf Wiki), la musique a trouvé sa nouvelle voie.
La critique est unanime et se prosterne devant ses nouveaux dieux.
La recette de Massive, plus trop "Attack" pendant la guerre du Golfe, fait la part belle aux vocalistes de tout sexe, qui se partagent le micro avec les trois leaders historiques du groupe, notamment Horace Andy ressorti du placard pour l'occasion. La marque du groupe réside principalement là, avec des titres qui dépassent volontiers les 5 minutes en général.
Puis "Protection" et "Mezzanine" sortent ensuite, tout le monde est toujours sous le charme.
Les gens qui ont eut 20 ans à cette époque adhère facilement à ces titres facilement accrocheurs, les filles adoooooorent "Teardrop", on se roule des pétards en écoutant "Karmacoma" et "Teardrop".
Massive Attack devient un groupe générationnel.
Mais au bout de 3 albums la recette reste la même, plusieurs chanteurs, samples obscurs de musique noire, craquements de sillons, des titres commencent à illustrer des reportages, des pubs, ce qui n'est pas toujours bon signe.
Quelques titres se détachent du lot "Inertia Creeps", "Karmacoma" ou "Protection" cependant l'ensemble reste parfois anodin, "Group Four" par exemple, on a l'impression que le groupe a du mal à vraiment évoluer, à passer à autre chose.
De plus leur identité vocale est floue, 5, 6, 7 chanteurs-teuses se succédent et surtout il ne se passe pas grand chose dans les titres, c'est lent, cool, bien foutu, des gimmicks accrocheurs tapent dans l'oreille ("Antistar"), mais c'est ennuyeux au final, surtout quand on tape dans les 6 ou 7 minutes de manière très très linéaire. Les changements de vocaliste ne rattrappe malheureusement pas la banalité du propos, ils font juste illusion pendant un moment.
Je décroche avec "100 th window" en 2003 et j'imagine que le groupe va lui aussi s'arrêter là.
Puis en 2009 retour du fils prodigue avec un maxi "Splitting atom" (LIEN SPOTIFY) avec cette fois encore de nouveaux chanteurs, dont celui pris du côté de TV On The Radio cette fois, on mise sur ce qui marche hein !!
Paf rebelote c'est sympa, lent blablabla, et ensuite ???
Et mes craintes se confirment en écoutant "Heligoland", certes les influences soul, dub du début ont été mises de côté, plus de cordes, on nage en plein dans l'electronique, mais la rivière coule toujours aussi paisiblement, sans crue majeure, c'est tout beau, tout rutilant, le moteur est en parfait état de marche, mais c'est aussi peu bandant qu'une Clio Sport.
J'ai la sourde impression que Massive Attack est resté coincé entre 1991 et 1998, pas dans le son je précise qui lui a évolué mais dans la manière d'écrire, mais sans se rendre compte qu'il a malgré tout vieillit et que peut être son auditoire attend maintenant autre chose.
Ou alors naïvement je me trompe lourdement quand on voit les derniers albums de certains, Depeche Mode ou Placebo en tête, qui ne font que ressevir les mêmes recettes tiédasse, mais dans un service tout neuf et qui raflent toujours la mise, notamment en concert.
Reste toutefois la question de la jeune génération.
Comment quand on a 20 ans aujourd'hui reçoit-on la musique de Massive Attack, est on aussi réceptif que ceux qui se sont intéressés à la musique notamment au travers de ce groupe surtout quand une tonne de groupe a émergé ces dernières années avec souvent une musique plus aventureuse ??
Quant aux critiques de toutes sortes vont ils être bienveillants (cf Depeche Mode) au nom de leur jeunesse enfuie ou vont ils s'abattre sur cet album comme des criquets sur un champs de blé (cf Placebo et U2) ?
Réponse le 8 février et déjà d'autres pistes de réflexion : Playlist Society, Good Karma, Chroniques Electroniques, Art Rock, Arbobo