La tuyauterie est bien tapie derrière une trappe en carrelage un peu fissurée, elle même cachée par un meuble blanc aux angles bleutés du plus bel effet, mais sur le retour
Elle imagine certainement être à l’abri du monde, royaume de gravats au pays de l’obscurité, laissés là par des ouvriers peu consciencieux, promis à des crise d’arthrose et à une retraite incertaine.
Tout cet univers se retrouve brusquement à nu, exhibant ses entrailles à 2 parfaits inconnus (soit voir narrateur et un membre de se famille lui doué de ses doigts pour autre chose que de taper sur un clavier) qui éclairent violemment ses coins intimes avec une lampe de poche, pour en prendre possession quelques minutes.
Il faut faire vite, scier les tuyaux, clipser le nouveau robinet qui va trôner pendant quelques années sur le navire d’émail, fier nouveau roitelet disposé au point culminant d’une surface immaculée lisse comme l’intérieur du cerveau d’un présentateur matinal d’une chaîne de télé shopping.
L’eau pourra ainsi à nouveau couler, emportant avec elle la mousse d’un produit douche censé nous tonifier à l’aube d’une nouvelle journée qui au final s’avèrera aussi morose que la précédente.
Le meuble à tiroir et son inséparable pote d’aventure, le lavabo encastré, font ensuite les frais de cette frénésie de changement qui s’abat sur la pauvre salle de bain qui s’était largement assoupie après une bonne décennie de chirasquisme triomphant (oui voter Sarkozy voyez ça a du bon).
Toujours unis ils vont finir leur vie, comme un vieux couple au fin fond d’une maison de retraite agrée par l’Aide Sociale, dans une benne à ciel ouvert d’une déchetterie périphérique, exposés à la pluie et au froid pour la première fois e leur vie, quand il faisait toujours chaud et humide dans leur habitat naturel.
Au meuble blanc on lui substitue un autre meuble blanc, mais avec une étagère en plus pour pouvoir y caser plus de trucs inutiles censés rendre les femmes plus belles et les hommes plus sûrs de leur masculinité, en berne depuis la fin du Service Militaire obligatoire.
Son nouveau copain d’aventure est une vasque en résine (on ne dit plus « lavabo » voyons quelle banalité), large comme l’avenue Poutine à Grozny, où on pourrait baigner une lignée de triplés.
Pour finir le mur voit son habituel rangement pharmaceutique disparaître et obtenir une promotion sous la forme de 2 fiers meubles suspendus, coordonnés avec le meuble de la vasque, qui n’en demandait pas tant.
Lors de leurs errances le long d’interminables rayons de surfaces de bricolage, les maîtres des lieux n’avaient pas pleinement évalué la disposition desdits meubles et surtout de leurs tiroirs.
Si bien qu’une fois disposés ceux ci se retrouvèrent à environ 2 mètres de hauteur.
Dépités les (petits) maîtres des lieux ricanèrent jaunes devant leur bêtise étalée au grand jour et retirèrent prestement les tiroirs chèrement acquis.
Pour finir ils déchiquetèrent sauvagement les cartons maintenant vides, odieux symboles d’une oppression d’une nouvel âge : le bricolage.