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22 mars 1895

  • J'ai rencontré le diable

     

     

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    Autant le dire tout de suite « J’ai rencontré le diable » est loin d’être une publicité touristique flatteuse pour la Corée du Sud.

     On y voit un pays moche, avec des campagnes moches, pleines de cadavres, dans lesquelles courent en liberté des psychopathes de la pire espèce (je vous laisse la surprise).

     Vous allez me dire que les poulets de Louet courent aussi en liberté .... avant de se faire couper la tête. Mais en Corée du Sud non, la police est juste complètement incompétente, elle ne comprend rien à rien, n’arrête personne et ne sert donc à rien.

     Kyung-Chul viole, tue et découpe donc tranquillement des filles depuis apparemment des années, sans que personne ne trouve rien à y redire. Mais un jour il laisse derrière lui le cadavre d’une jeune fille fiancée à Soo-yun, agent des services secrets, qui va rapidement l’identifier et se mettre à le chasser pour venger sa mort.

    A ce stade de l’histoire on se dit que les choses  vite pliées et qu’après un acte de justice expéditive on va retrouver le cadavre de Kyung-Chul dans un fossé, le crâne défoncé.

    Évidement non.

     Kim Jee-woon (responsable de « A bittersweet life » ou de « Deux sœurs ») est plus malin, plus retors surtout Il va faire durer les choses et imaginer une vengeance sur le long terme. Soo-yun va se mettre à pister le tueur et à l’attaquer par surprise quand il s’apprête à tuer, pour l’empêcher de jouir de ses forfaits.

     Et hop une main brisée. Et hop le tendon d’Achille déchiré.

     Comme dans Dexter on va rapidement se ranger du côté de Soo-yun, tout en se rendant compte qu’il devient un justicier psychopathe, capable de vous taper 10 fois la tête sur le sol, motivé uniquement par la haine et la vengeance et non par une quelconque idée de justice.

     La justice, l’autorité sont eux complètement dépassés, absents, ridicules (comme dans « The chaser » ou « Memories of murder » d’ailleurs).

     Le champ est complètement libre pour toutes les pulsions, même les plus basses.

    « J’ai rencontré le diable » est donc un pur film de vengeance comme bien d’autres auparavant, coréens (« Old boy ») ou non (« Death sentence » avec Kevin Bacon).

    Les enjeux sont connus : comment un homme ordinaire devient à son tour un monstre face à l’assassin de sa femme, fille, fils, père, mère, famille entière (rayer la mention inutile) et perd peu à peu son humanité pour passer de l’autre côté de la violence (et rencontrer ses propres démons, son diable personnel ?). De ce côté-là Kim Jee-woon n’apporte aucune réflexion supplémentaire.

    Le supplément se situe plutôt ici dans la manière dont la vengeance se transforme en une traque, lente et sadique, avec 2 acteurs impressionnants incarnant 2 monstres froids à l’œuvre, complètement repliés sur leur folie ou leur vengeance, sourds au monde qui les entoure.

     La violence ici déployée par Kim Jee-woon n’est pas plus choquante ou dégeulasse que pleins d’autres films coréens récents. Seule la scène finale, d’assez mauvais goût je trouve, donne une impression étrange de vouloir prolonger cette haine au-delà du tueur comme si Soo-yun voulait aussi contaminer les autres avec son nihilisme et son désespoir.

     « J’ai rencontré le diable » semble être en tout cas un jalon planté loin en avant dans le genre « vigilante », comme pour défier d’autres cinéastes d’aller au-delà.

     On peut imaginer qu'un émule dépassera le maitre très rapidement mais pour quel résultat tant le film est ici déjà assez ultime. 

  • Somewhere

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    A la sortie de "Somewhere" un de mes amis se demandait comment ce film a été perçu au États-unis.

    Est-ce qu’il a été vu comme un film d’auteur, l’équivalent d’un Rohmer chez nous, car son rythme et son traitement semblent avoir été spécifiquement faits pour un public européen  peut être plus habitué à l’errance visuelle déployée ici?

     

    Il est vrai qu’il ne se passe guère de choses dans « Somewhere », que la parole est rare et que l’on passe pas mal de temps à contempler la tuyauterie du Château Marmont, des strip teaseuses la tête en bas ou un Stephen Dorff qui tapote des coussins en fumant une clope.

     

    Johnny Marco, acteur un poil célèbre, vit dans un appartement tristounet (mais certainement très cher) du Château Marmont, excroissance gothiquo-hotelière à Los Angeles. Les jours passent et se ressemblent entre les coups de fil de son agent, des filles qui passent, des fêtes, des obligations professionnelles et des errances en Ferrari.

     

    Bref Johnny s’ennuie, rien ne semble l’intéresser vraiment, sauf quand sa fille passe la journée avec lui. Son regard pétille, il parle, s’anime et met de côté son personnage d’acteur revenu de tout. Sa présence va d’ailleurs lui permettre de sortir de la routine dans laquelle il semble s’être enfermé pour bifurquer largement.

     

    Le film nous décrit ces moments là, alternant solitude et ennui (presque) profond de l’acteur et complicité entre un père et sa fille.

     

    A la fin du film on se demande si le personnage principal du film de Sofia Coppola n’est pas Cleo, la fille de Johnny Marco, plutôt que ce dernier.

     

    En effet on a l’impression que ce personnage permet d’évoquer la situation de la réalisatrice dans l’ombre de son père durant sa jeunesse, père que l’on imagine souvent absent ou peu disponible quand elle en avait besoin.

     

    Un autre personnage s’impose aussi dans l’histoire c’est celle de l’hôtel, comme pour bien montrer la place qu’il occupe dans l’inconscient cinématographique américain (cf la tonne d’anecdotes que vous pourrez trouver sur le Château Marmont) et pour lui rendre alors un discret hommage.

  • Max et les maxis monstres

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    Max a 10 ou 11 ans, une sœur plus âgée qui a d'autres préoccupations que de jouer avec lui, un chien qu'il terrorise avec une fourchette et une maman divorcée comme il se doit.

    Max s'ennuie dans sa banlieue américaine.

    Il se fait un igloo dans le jardin, dresse une tente dans sa chambre, s'imagine mille et une aventures, mais personne ne veut jouer avec lui, tout le monde autour est affairé à vivre qui sa vie d'adolescente ou de maman quarantenaire qui voudrait bien ne pas finir seule dans son salon, devant sa télé en jogging.

    Alors Max pète parfois les plombs, il n'écoute plus rien ni personne, se met à hurler, à tout casser il devient ingérable, incontrôlable.

    A la suite d'une de ces crises, il s'enfuit (symboliquement) de la maison avec son déguisement de loup préféré et cours droit devant lui à perdre haleine.

    Il arrive au bord de l'eau, monte sur une barque et continue sa fuite en avant vers une île qui brusquement apparait devant ses yeux.

    Max est maintenant tranquille là, sans parent ou sœur sur le dos, libre de courir, de sauter partout, de crier, de se rouler par terre sans limite aucune, ni froid, ni faim, ni peur.

    Mais, tel Vendredi, Max n'est pas tout seul sur cette île, il y a une demi douzaine de créature poilue hydrocéphales qui vivent là.

    On se croirait dans ce clip d'Aphex Twin, d'autant plus que les bestioles passent leur temps à se tamponner, à gigoter en tout sens, à casser des trucs qui s'avèrent être leurs maisons, sans trop que l'on sache pourquoi d'ailleurs, mais cela n'a guère d'importance on est dans la tête de Max, parmi ses fantasmes et ses pulsions qui n'ont guère de logique parfois convenons en.

    Rapidement Max fait ami-ami avec les bestioles et devient leur roi en leur promettant comme programme de les faire rêver, de leur faire oublier le désarroi dans lesquelles elles semblent plongées.

    Mais les bébêtes ne sont pas des peluches un peu grandes que la normale, elles ont de grandes dents et de longues griffes mon enfant, des accès de colère parfois incontrôlables, surtout Carol, qui semble être un double poilu de Max.

    Evidement après l'état de grâce les choses se dégradent dans le royaume et le petit roi déçoit ses sujets qui n'ont plus confiance en lui, la révolte gronde il est temps de rentrer, de retrouver maman sur l'autre rive et de laisser là un peu de son enfance et de sa colère.

    Sur le papier l'histoire parait simple, d'ailleurs dans le livre de Maurice Sendak il y a peu de mots employés, tout paraît fluide, les interprétations sont nombreuses, permettant à chacun de prolonger les choses à sa manière.

    Dans le film les créatures sont émouvantes, mélancoliques, terrifiantes parfois, leur réussite tenant à leur animation humaine (des gens en sueur dans de lourds costumes) pour la gestuelle et de synthèse pour le visage.

    Mais ensuite Spike Jonze a du combler les trous de l'histoire, des dialogues et c'est là que les choses se gâtent

    Car, d'une part, on a l'impression parfois d'assister à une séance de thérapie de groupe un peu chiante en pleine nature.

    D'autre part, les séquences de simili baston des grosses boules de poils qui arrachent tous les arbres alentours évoquent Mario et Sonic en pleine action, sont un peu redondantes et presque ridicules pour tout dire au final.

    Point d'esbroufe clipesque ici, les décors sont mêmes très sobres, pas de flics moustachus qui donnent des coups de pieds dans des poubelles ou de Christopher Walken sur les murs, juste la tentative d'illustrer un livre pour enfant pour un public plutôt adulte, mais pour un résultat en dents de scie, parfois ennuyeux, qui ne tient pas vraiment toutes ses promesses.

    Peut être est ce le nom de Spike Jonze qui m'a incité à voir ce film, grand amateur de ses clips et de son « Dans la peau de John Malkovitch », mais ce nom là était peut être trop lourd de promesse pour moi justement.

  • The Chaser

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    Le quartier de Mangwon, à Séoul, peut être vu comme une illustration du cerveau en mauvais état du tueur en série qui sévit dans The Chaser.

    Soit un lieu escarpé, pleins de recoins lugubres, de raides pentes, de vertigineuses descentes, poisseux, glissant.

    Joong-Ho va passer 2 heures à arpenter ce coin, qui va devenir son enfer personnel, pour y retrouver une des prostituées qu'il emploi et qui a été kidnappée par un détraqué particulièrement retors.

    Joong-Ho a été policier avant, puis après une sombre histoire il a été vidé de son unité et s'est mis à son compte dans le business, comme maquereau, peu étouffé par les scrupules.

    Trois de « ses » filles disparaissent et lui imagine qu'elles se sont faites la malle avec « son » fric et qu'elles l'ont donc embobiné.

    Mais un détail le gêne, les 3 filles ont disparu après avoir rencontrées le même homme. Droit dans ses bottes il se met à la recherche du gars, non pas pour le livrer à la police, mais sans penser le moins du mode qu'elles aient pu tomber sur un pervers lui demander des comptes et récupérer son fric.

    Rapidement il va mettre la main sur le gars, la police va s'en mêler, et à l'instar de John Doe dans Seven, celui ci va avouer ses crimes, mais on est qu'à un tiers du film.....

    Et là les choses vont changer Joog-Ho va voir ses certitudes bien établies se fissurer, il va se rendre compte que « ses » filles ne sont pas justes des morceaux de chair, mais qu'elles ont aussi une vie de famille, des enfants.

    La prise de conscience de Joog-Ho va faire basculer le film, quand il va être mis en présence de la fillette de la dernière de ses prostituées disparues..

    Il va passer ensuite son temps à retrouver sa mère, comme pour se prouver qu'il est encore digne d'existe aux yeux de quelqu'unr, à n'importe quel prix, animé par une rage impressionnante que rien n'arrête, même pas les coups de marteau.

    Mais que fait la police pendant ce temps ?

    Ben pas grand chose justement, elle récupère le tueur par hasard, se demande bien ce qu'elle va faire avec de tels aveux et va passer sont temps à partir sur de fausse pistes ou à se disputer entre services sur fond de lumières blafardes dans des commissariats où les coups pleuvent facilement.

    Cette violence policière cache son incapacité à se concentrer sur le principal : les victimes.

    Le tueur lui refuse de donner son adresse, où agonise sa dernière victime (une des filles de Joong-Ho donc) il attend que le temps passe, étrangement absent à toute l'agitation autour de lui, il sait que les heures jouent pour lui, sa garde à vue sans preuve ne pouvant se prolonger indéfiniment.

    The Chaser est traversé par des moments de sauvagerie, d'éclats de rire quand la police apparaît, de suspense après la remise en liberté du tueur, d'émotion quand apparaît la petite fille perdue.et seule comme le « héros » (j'ai du mal à écrire ce mot tant son étoffe est bien délavée).

    Le réalisateur se joue de certains écueil comme de transformer le film en buddy-movie quand Joong-Ho prend la gamine sous son aile.

    De brusques crochets évitent, tout en restant au sein d'un genre bien délimité, de donner trop à voir au spectateur.

    Même si tout n'est pas parfait (flics un peu trop à la limite de la stupidité, brusque escamotage de la petite fille pour laisser les mains libres à Joong-Ho dans son enquête...), The Chaser est un très bon film, riche en fibre et en protéines, qui avec sa retenue, sans vains effets de style vite fanés, restera  certainement comme un classique du cinéma sud-coréen.

  • About a son

     

     

     

    Si comme moi vous aimiez Nirvana.

    Si comme moi vous aimiez Kurt Cobain et que vous êtes toujours touchés par ce groupe et son chanteur 14 ans plus tard, vous risquez de vouloir jeter un oeil ou deux sur "About a son" qui sort le 25 novembre.

    Le principe est plutôt original.

    Pas d'acteur tiers qui interprête Cobain dans un film mou du bide, pas d'images d'archives écornées et jaunies qui reconstituent une époque ou de live luxueux d'un pathétique groupe de rentiers étonnés de ne pas jouer dans un stade rempli de fans aussi défraichis qu'eux.

    Non juste des images de lieux que Cobain a arpenté, d'anonymes, de cabines téléphoniques, de balançoires qui s'élèvent  dans le soleil couchant, d'avions qui partent dieu sait où, pour mieux mettre en relief peut être la voix de Cobain qui parlent de lui, de sa vie, de la musique, interviews faites avec Michaël Azerrad pour la préparation de sa bio référence "Come as you are".