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22 mars 1895 - Page 2

  • Gomorra

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    A de nombreuses reprises durant le film je me suis demandé quel était le pays que l'on voyait à l'écran.

    On imagine un peu d'Amérique du Sud, un peu du Maghreb, un peu d'un pays inventé.

    On voit beaucoup de béton, une campagne plate et morne, peu d'arbres, une langue sonnant comme de l'italien, du roumain.

    Gommora parle de la mafia, plus précisement de la Camorra, soit la version napolitaine, mais sans tranche, de la mafia.

    L'action se déroule dans une banlieue de Naples, en Europe donc, pas si loin de chez nous et pourtant à des années lumière de nos vies.

    Enfin "l'action" c'est vite dit.

    Tout tourne autour d'un gros bloc d'immeuble, sorte de pyramide aztèque, où se font tous les traffics : drogue, dépeçage de voitures volées, usure...

    On suit le quotidien poisseux de plusieurs personnages qui gravitent dans ce HLM et dans le quartier, où 2 clans se déchirent.

    Un quotidien fait de gamins de 10 ans qui doivent à peine savoir lire et qui sont employés à faire le guet, de drogue que l'on détaille et que l'on vend à des tox dans un espèce de marché à la sauvette, de cris, de coups de feu, de haines incompréhensibles, de réglements de comptes, le tout dans des immeubles délabrés, sales où vit une humanité à part de la société italienne avec ses régles et ses codes et une espérance de vie désespérement basse

    Tous ces personnages (masculins), les femmes ne sont là que pour qu'enfanter d'autres garçons qui vont suivre leurs "glorieux" aînés et des filles qui pour reproduire cette lignée maudites, sont englués là.

    Ils ne verront que quelques kilomètres autour de ce bloc et puis crèveront misérablement un jour au pied de ces tours; comme leurs fréres puis leurs fils plus tard.

    Aucun échappatoire, aucune lumière pour te guider vers l'extérieur, aucun service public (sauf la police), d'où cette impression d'être ailleurs, dans un pays de fiction.

    Un caissier passe chaque semaine apporter une allocation de quelques centaines d'euros aux familles dont l'un des leurs est mort ou en prison, seul personnage qui écoute les autres et leur apporte un semblant de chaleur..

    Tous ces mafieux sont loin de l'image hollywoodienne et scorcesienne habituelles.

    Ici pas de mecs respectable en costard cravate qui parlent à voix basse dans l'arrière boutique d'un restaurant, en buvant un café ou en touillant une sauce tomate dans un gros chaudron en cuivre.

    Juste des jeunes de 17 ans, cheveux ras et T Shirt lamés pas encore gras ou leurs aînés de 35 balais, devenus gros, mal rasés, en T shirt orange et short bleu. La grande classe internationale.

    Deux personnages sortent du lot.

    Un tailleur qui produit à des prix défiant toute concurrence, même indienne, des fringues que l'on retrouvera à Cannes sur les épaules d'Angelina Jolie et un homme d'affaire qui se charge de vous trouver des terrains discrets pour pouvoir y déverser tranquillement vos saloperies chimiques ou hospitalières.

    Trois moyens existent pour sortir de cet engrenage infernal : rester là dans ces immeubles moisis, traficoter et mourir jeune, être plus ambitieux et travailler pour les gros pontes invisibles ou refuser cette vie et s'exiler.

    On imagine pourtant dans ces appartements des gens, des familles qui n'adhèrent pas à ce systéme, qui le trouve violent, injuste, qui ne se contentent pas de cette vie là.

    En voyant ce film on a l'impression que la notion de "choix" n'a là pas cours c'est juste "marche et crêve".

    Saisissant et déprimant

  • I'm not there

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    Je ne suis pas là ou plus précisement je ne suis jamais là où vous m'attendez.

    Je suis noir et je suis blanc.

    Je suis vieux avec des lunettes, je suis aussi un gamin qui traverse le pays dans un train.

    Je suis un homme et pourquoi pas une femme.

    Je suis un chanteur, un poête mais aussi un acteur, celui qui joue un rôle.

    Je revendique et je proteste, mais je ne suis pas seulement un poing levé.

    Je suis du siécle précedent, voir d'encore celui d'avant.

    Je suis accoustique et je suis électrique.

    Je vois des girafes et des autoroutes à 6 voies.

    Je suis folk, je suis rock.

    Je suis insaisissable, je ne veux pas être cantonné à une seule dimension.

    Je suis un symbole dans mon pays, terre de tous les mythes modernes,  le symbole d'une époque où les gens ont espéré beaucoup (trop ?) puis ont vu leur espoir s'effondrer dans une voiture.

    Je suis un film étonnant qui parle un peu de moi mais qui m'imagine aussi beaucoup.

    Un espèce de rêve à ciel ouvert, comme ces nuits agitées, où l'on mélange les époques, les genres, les gens et les évenements, proche et très éloigné de la réalité à la fois.

    Je suis surtout un film formidable qui arrive à rendre intéressante la vie et l'oeuvre d'un homme, dont le peu de choses que je connaisse ne m'a jamais captivé et dont la musique ne m'évoque absolument rien.

  • Control /24 hour party people

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    J'ai fais une expérience cinématographique étrange la semaine dernière.

    J'ai vu 2 films, qui parlent de sujets différents, mais qui ont en commun des personnages et certains évènements.

    Je m'explique.

     "Control" (2007, Anton Corjin) parle de la vie de Ian Curtis leader de Joy Division, bla bla, désespoir dans sa cuisine, cold wave, she's lost control bla bla.

     "24 hour party people" (2003, Michael Winterbottom) détaille lui de manière plus ou moins réaliste la vie de Tony Wilson, entre 1976 et 1990, créateur de l'Hacienda et du label Factory, et qui produisit justement ledit Ian Curtis et sa bande de joyeux drilles mancuniens.

    Dans ces 2 films apparaissent Tony Wilson, Martin Hannett (ingénieur du son et producteur des 2 seuls albums de Joy Division) Ian Curtis et Rob Gretton (manager de Joy Division et plus tard de New Order), interprétés par des acteurs différents à chaque fois.

    Dans ces 2 films sont dépeints aussi des moments (concerts ou rencontre entre Curtis et Wilson par exemple) identiques.

    J'ai eu alors comme un vertige, un étrange sentiment d'ubiquité cinématographique, impossible à réaliser dans la vie : soit voir une même scène, un même moment sous différents angles et retranscrits par des sensibilités différentes.

    En effet on a affaire là à 2 films assez différents : d'un côté l'inscription de mouvements musicaux dans leurs époques (la new wave dans la fin des années 70, le début des 80's des années Tatcher et l'indie/dance musique dans la seconde partie plus clinquante et défoncée des années 80).

    De l'autre côté un film moins sur la musique que sur le mal être d'un homme, sur le poids de la célébrité et l'idée que tout un chacun attend de sa vie et qui au final peut s'avérer très décevante, voir amener au suicide (à 23 ans dans le cas de Curtis)

    Au passage, comment ne pas faire le rapprochement avec le blondinet de Seattle, 14 ans plus tard, une relation qui commence puis un mariage dans la foulée, un enfant rapidement, la célébrité, mais avec la drogue en plus comme seule différence.

    Evidement "24 hour party people" est plus léger, avec une mise en scène parfois tapageuse, certainement plus éloigné de la réalité aussi (on a plutôt imprimé la légende là).

    "Control" est plus attaché à un seul personnage, lui même assez renfermé, peu loquace, austère presque à l'image du film et à son noir et blanc classieux.

    Un autre vertige m'a pris quand j'ai cherché plus d'infos sur les principaux personnges des films

    Les gothiques du monde entier portent le deuil de Curtis depuis 1980 mais Hannett est mort en 1991, ravagé par ses excès et les coeurs fatigués de Gretton (1999) et Wilson (2007) ne leurs ont pas permis d'atteindre soixante ans non plus.

  • 28 semaines plus tard

     

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    Dans un bon film de zombies il y a un virus ou des gens reviennent à la vie sans que l'on sache trop pourquoi, des personnes assiégées qui ont peur, une société moderne complètement paralysée, des militaires qui se pensent plus malins que tout le monde mais qui au bout d'un moment voit la situation leur échapper complètement et qui dans un dernier éclair de génie décident de tout bombarder pour faire bonne mesure et des hordes de gens contaminés qui marchent lentement ou (plus récemment) très rapidement dans les rues de villes dévastées soit en faisant "heeeeuuuuuu" soit en hurlant.

    En effet depuis quelques années, plus précisement depuis l'excellent "l'armée des morts" (de Zack Snyder responsable de 300 quand même) et "28 jours plus tard" (de Dany "Trainspotting" Boyle), les zombies ne ressemblent plus à des cohortes d'escargots baveux qui progressent à la vitesse d'une caravane allemande le week end du 14 juillet à la hauteur de Montélimar et qui perdent leurs membres au fur et à mesure de leur (modeste) avancée.

    Rajoutons qu'en plus ils ne portent plus de veste en cuir rouge et noir et qu'ils ne dansent plus entre des tombes en plastique avec leurs potes et ça c'est pas plus mal.

    Non aujourd'hui le zombie va vite, il est dangeureux même seul alors qu'auparavant seul le groupe de zombies l'était.

    Il est comme tout le monde il est pressé, pressé d'agir, pressé d'en finir pour pouvoir passer à la victime suivante, tel un ouvrier à la chaine chez Renault, dans sa routine sans fin afin de contaminer le monde entier et de l'entraîner dans sa chute, avec lui.

    Habitué auparavant à une vie trépidante, tous les jours, tout le temps, au travail, à l'école, en faisant ses courses, devant son pécé, le zombie moderne ne peut alors que reproduire ce schéma qu'il a depuis longtemps intégré : il faut qu'il agisse vite, qu'il morde vite sinon son voisin va lui piquer sa place, son humain sain à contaminer.

    La compétition quotidienne, le néo libéralisme a, là aussi, laissé son empreinte, même zombifié vous êtes contraint à la rentabilité.

    Dans "28 semaines plus tard" donc on retrouve Londres désert, ses rues jonchées de détritus, de corps. 

    Les monuments sont dérisoires, symboles d'une société qui n'est plus que l'ombre d'elle même, incapable de faire face à un fléau qu'elle ne maîtrise ni ne comprend pas et qui n'a plus qu'une issue : disparaître loin de toute beauté ou de toute  forme d'art.

    Le film de zombies n'est pas très optimiste, notamment sur le fonctionnement d'une société face à une menace qui va l'exterminer.

    Tout le monde fuit, peu de mains se tendent, l'armée semble n'être que l'ultime espoir, la seule garante d'un semblant d'ordre puisque les civils et les politiques sont désorganisés ou ont disparu n'étant donc pas en état d'assumer une continuité, une résistance.

    Des individus essaient de résister, de s'accrocher, d'y croire, de continuer à vivre.

    Alors on suit les errances de Robert Carlyle et de ses enfants dans un pays menaçant, dans ces rues vides, à travers ces maisons pleines de cadavres, loin de toutes certitudes, de tout le confort rassurant de nos sociétés modernes.

    On les voit circuler dans un Londres sécurisé à travers des images de vidéo-surveillance ou les lunettes de visée des snipers de l'armée US censée les protéger.

    Bref qui voudrait de cette humanité là ??

    Mais on sait très bien que tôt ou tard ce fragile équilibre sera balayé, comme on été balayées les sociétés multi centenaires dans lesquelles les gens vivaient dans les jours précédents.

    Le plus génant apparaît alors dans le film : ça ne semble pas seulement une fiction, on a aussi l'impression d'assister à notre propre chute, à celle de notre société reposant sur un fragile équilibre, maintenant ou plus tard.

    Il nous faudra alors courir aussi vite que Robert Carlyle dans l'extraordinaire scène d'ouverture, pour espérer vivre encore un peu.

     

     

    Bonus : magnifique thème principal par John Murphy 

  • Planet Terror

     

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    J'ai de la suite dans les idées.

    Après "Le boulevard de la mort" (le traducteur la mérite lui en tout cas) de Quentin Tarantino, je suis allé voir la suite du segment Grind House soit "Planet Terreur" (le traducteur s'est pas trop foulé non plus) de Robert Rodriguez.

    Bon autant le film de Quentin est bavard celui de Robert va directement à l'essentiel : c'est à dire le massacre d'innocents zombies qui font rien qu'à courir après Rose MC Gowan en jupe plus que courte (et c'est pas désagréable à voir croyez moi...).

    L'histoire (aussi élaborée que celle de Tarantino vous allez voir) : une petite ville, des militaires et des mercenaires veulent pas partager l'addition à la cantine de la base paf bagarre, du gaz tout vert s'échappe et contamine la ville la plus proche. Fin.

    Evidement dans cette ville tout proche les gens se rendent compte de rien et vont tous à l'hopital montrer leurs affreuses infections cutanées qui suppurent puis vont rapidement avoir envie de croquer le personnel.

    Et là la résistance s'organise à partir d'une restaurant (si, si), on prend les armes et le grand n'importe quoi commence.

    Robert s'attarde sur 4 ou 5 personnages (dont Rose Mac Gowan donc), certains meurent, d'autres se sacrifient, d'autres font de la mini moto, d'autres s'échangent des recettes de cuisine, mais là aussi comme chez Tarantino les filles ne subissent pas elles agissent.

    Bref c'est régressif, stupide, les dialogues contiennent 2 lignes sans  trop de "fuck" ma foi et on aura pas droit à une quadruple compilation de R'n B-funk-soul-bossa de titres inconnus.

    Là aussi la pellicule se délite, une bobine manque (dommage Rose Mac Gowan se montrait sous son plus beau jour...), les raccords sont périlleux.

    On a même droit à un extrait décérébré de (faux) film 'Machete",.

    Bref c'est frais, léger, pas trop consistant, on retrouve de vieilles têtes issues des 80's (Michael Biehn aka le papa de John Connors) on entend une musique que l'on dirait jouée par John Carpenter, on voit des zombies qui veulent te bouffer le cerveau, des militaires stupides, tout le decorum habituel de ce genre de productions.

    Les garçons apprécieront, les filles elles resteront à la maison pour lire le dernier Harry Potter.