"Autour de cette table je suis à la croisée des chemins."
Ces mots tombent évidement lors d'un de ces petits silences de 2 à 3 secondes qui parfois surgissent dans une conversation animée quand tous les protagonistes arrivent à la fin de leur phrase en même temps et que l'on n'entend alors plus un souffle.
Tous les regards se tournent vers mon camarade, familier de ces sorties lexicales acrobatiques, et tout le monde lui tombe sur le râble en se moquant de sa phrase un peu bancale.
Pourtant ces quelques mots résumaient bien la situation de ce samedi soir sur la terre.
Tous ses meilleurs amis, et les miens par la même occasion, étaient là sous un platane mûrier par un hasard monstrueux, où les emplois du temps, la météo, le travail, les envies de chacun convergent en un lieu unique.
Nous sommes là déblatérant sur les soucis de santé de certains, les « années diesel », les « vulves cardiaques », Transformers, le Grupe Simple et Funky et autres âneries intersidérales.
C’était un peu le banquet d’Astérix sans sanglier à la broche mais avec du rosé, de la bière et un barbecue, vous savez l’objet du démon qui transforme n’importe lotissement ou voisinage en enfer plein de fumées méphitiques le samedi soir venu.
Une fois que tout le monde est parti on se demande alors pourquoi ces moments là ne se reproduisent pas plus souvent, personne n’y verrait d’inconvénient pourtant.
Les choses étaient plus simples avant.
Et puis on se souvient qu'au delà d'un certain âge et des responsabilités qui l'accompagne, la simplicité n'est plus qu'une illusion et un privilège rare.
Il reste alors cet aveu, suspendu dans l’air, flottant au dessus de la soirée et ce titre de Neubauten avec cette phrase, toute aussi étrange, entendue par Blixa Bargeld lors d'une conversation au musée du Prado entre 2 femmes, phrase qui a servi de base au titre « The garden ».
« You will find me in the garden unless it’s pouring down with rain »
EINSTURZENDE NEUBAUTEN "The garden"
(Ende neu - 1994)