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Ma vie en tranches (mais sans miettes) - Page 4

  • Verre à pied (acte 2)

     

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     (Salle d'attente par Sebtix)

     

    Un jour quelqu'un m'a dit (non pas elle) que la vie se résumait à attendre et partir.

    Je suis plutôt d'accord avec cette assertion mais j'aimerais y ajouter une exception : sauf à l'hôpital où la vie se résume à attendre et à "faire les étiquettes". 

    Retour à l'hôpital donc hier pour effectuer les derniers réglages et laisser la machine repartir sur les routes.

    On m'avait dit en quittant les urgences, il y a 3 semaines : "venez faire les étiquettes au moins une demi heure avant l'heure de la consultation".

    Moi plus manu le malin que tout le monde j'ai pensé que 20 minutes devrait suffire, mais quand j'ai vu le chaos dans la salle d'attente je me suis dis que j'aurais dû coucher là depuis la veille pour espérer passer à l'heure devant le médecin.

    La salle d'attente est immense et c'est donc là que l'on doit prendre son ticket pour ensuite aller dans une autre salle pour passer devant un administratif pour faire les fameuses étiquettes.

    J'ouvre là une parenthèse : à quoi servent ces foutues étiquettes ???

    Quand je suis arrivé aux urgences la première chose que l'on m'aie demandée, sans trop s'enquérir de mon état, c'était de faire les étiquettes gnagnagna.... Et croyez vous qu'après on m'en aie demandé pendant mes 8 heures où j'y suis resté ??

    Que nenni pourtant j'en avais un beau stock, de quoi refaire le Taj Mahal sur les murs alentours.

    Alors le mystère reste entier.

    Seuls les gens qui arrivent en lambeaux ou en sang avec les pompiers ou les flics ont ce privilège rare de ne se voir rien demander. Ah les salauds qui se pavanent sous notre nez en brancard en faisant semblant de gémir pour apitoyer les services admministratifs. C'est honteux et j'espère que notre président s'attaquera aussi à ce grave problème, plaie (ah ah ah) de notre société moderne.

    Bref je prends un ticket à une jeune fille qui doit faire face à une haie de personnes un peu énervées et là stupeur mon numéro est le 507 et l'affichage électronique annonce le 187. Ah ouais d'accord........

    Je m'assois en soupirant et .... oui Kevin j'attends c'est ça.

    20 minutes plus tard on atteint les 200, mais en fait ça veut dire que l'on "repart à zéro et que mon numéro c'est le 07 et pas le 507" m'explique  globalement la (pauvre) jeune fille entre 2 rafales de fusil automatique pour repousser une horde de patients plus trop patients et surarmés qui veulent prendre d'assault les bureaux administratifs par le côté sud.

    Pendant ce temps les pompiers amènent leur lot d'éclopés privilégiés et se font un difficile passage en plein milieu de la salle d'attente, c'est assez étrange comme atmosphère et très stupide comme agencement, l'architecte du lieu devrait être pendu en place publique.

    Brusquement le panneau lumineux (oui attendez il n'y en a qu'un seul dans la salle d'attente, comme ça les gens assis sous celui ci ont le choix de se lever toutes les 40 secondes pour vérifier que l'on est toujours au 214 depuis 40 minutes ou de se tordre le cou pour espérer distinguer un peu des chiffres rouges, bravo l'archi là aussi) s'emballe et affiche le 116.

    Alors là tout le monde se regarde et dans la seconde qui suit tout le monde se lève vers la pauvre guichetière qui là ne peut que lancer ses dernières grenades defensives pour espèrer repousser les flots en furie et s'en sortir vivante.

    Et là comme par magie une de ses collègues sort des bureaux administratifs et annonce qu'il y a un problème technique (no shit !!), prend les choses en main, fait mettre les gens en rang suivant leur numéro in the old school way et je passe dans les 3 minutes qui suivent.

    "Faire les étiquettes" me prend allez 4 minute, j'arrive 30 minutes en retard à la consultation, où personne ne me dit rien et de toutes façons j'attends encore 15 minutes le médecin.

    Mon pied va bien merci.

     

     

     "Sittin' in the waiting room"

    FUGAZI - Waiting room (MP3) 

  • Verre à pied

     

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    Le soir il y a 2 options : soit vaisselle soit lecture d'histoires de "Zigomar n'aime pas les légumes" (de l'excellent Philippe Corentin) ou de la Petite Princesse qui veut son petit pot par exemple (vous comprenez mieux ainsi la vie dingue de jet setter noctambulo-hype que j'ai).

    L'autre soir j'ai choisi l'option 1 soit vaisselle en écoutant France Info me parler de l'état assez moche du monde.

    Mauvais choix je dois vous le dire tout de suite.

    Assez rapidement, certainement hypnotisé par la retransmission haletante d'un Caen/Sedan j'ai cassé un verre.

    Banal me direz vous (oui c'est aussi pour ça que j'ai un blog pour cracher à la face de la France le minime intérêt de ma vie), sauf que là non.

    Par un miracle prodigieux digne des plus grands (Gérard Majax, Sylvain Mirouf), un bout de verre s'est faufilé entre l'évier et moi pour aller se planter dans mon pied gauche qui faisait la sieste sur le sol de la cuisine.

    Douleur, information envoyée au cerveau et regard rapide vers ledit pied pour voir avec surprise une tache de sang s'agrandir sur ma chaussette.

    Fonçage dans la baignoire, point de compression, nettoyage de la plaie, pansage et "on verra demain".

    Oui mais demain c'est pas terrible la plaie, 3 centimètres de long, douleur, impossible de marcher, les urgences me tendent les bras me semble t il.

    Je suis préparé j'achète Libé (qui au passage dans sa version papier semble être devenu hystériquement anti Sarkozy, au point d'en parler sur toutes les 10 premières pages) j'emporte aussi "Je, la mort et le rock and roll" pour le relire (oui le "Pére Goriot" actuellement au pied de mon lit est à déconseiller dans ce genre de situation d'attente, trop dense, trop de mots qui se bousculent)

    Je suis examiné en moins de 10 minutes et je me dis que c'est trop facile, doit y avoir un piège ou alors ce sont des faux médecins en plastique.

    Bingo avant de me recoudre le médecin veut quand même avoir l'avis de l'orthopédiste qui "est au bloc", euphémisme pour "mon gars va y avoir de l'attente".

    Et là j'ai largement le temps de lire mon Libé et de relire la moitié du bouquin de Klosterman (toujours aussi marrant et agréable d'ailleurs) 

    Autour de moi s'agitent des flics, des pompiers, le personnel hospitalier, des personnes agées en brancard, des gens renversés par des voitures, des gens qui patientent sur les brancards et qui pissent dans des bouteilles (on dit un "pistolet" monsieur) une fille minervée inerte que l'on emmêne et ramène et qui fait super bien la morte, des jeunes aux genoux ou mains fracturées bref un condensé d'humanité dans un sale éta, le tout dans une température que l'on qualifiera de "fraîche".

    Je semble être le moins atteint avec ma basket grande ouverte, je prends donc mon mal en patience.

    Au bout de 3 heures et demi, ma patience est mise à mal mais l'orthopédiste est là et commence, avec sa comparse externe, à trifouiller mon pied avec des objets dont je préfère ignorer l'existence.

    Verdict : tendon quasi coupé, points sur le tendon (brrrr) et 6 points de suture car entre temps de 3 la plaie est passée à 6 centimètres l'orthopédiste voulait "bien y voir" (faites donc comme chez vous ....).

    Conclusion : régime de 21 piqûres, plastification du pied pour la douche et pose à la Brassens sur le rebord de la baignoire  pour me laver, sans oublier la magnifique chaussure de Barouk (cf notre document) qui devrait émoustiller les plus fétichistes de mes lecteurs (ou trices) mais qui me fait juste ressembler à une vieille drag queen boitillante pour sortir et ce pendant ................ 3 semaines.

     

    Zëro - Drag Queen Blues (MP3) 

    France - 2007 

     

  • I'm deranged

     

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     (Jardin métropolitain par Chach Coati)

     

     

    Nous sommes en retard.

    Pourtant il nous attend, dehors, sans impatience, le nez en l'air avec son air d'éternel adolescent.

    Il habite dans un petit immeuble de 2 étages, au fond d'une impasse.

    En bas il y a un grand jardin, comme ceux que l'on trouvait chez nos grands parents, où l'on passait l'été à porter de lourds arrosoirs, en marchant soigneusement sur des planches le long de lignes impeccables d'haricots verts ou de patates.

    Son appartement est constitué de 2 petites pièces qui sentent le tabac et le renfermé.

    Il nous reçoit dans la cuisine, nous restons debout faute d'invitation à nous asseoir.

    Sur la petite table sont impeccablement alignés 2 fourchettes, 2 assiettes, 2 verres et un tupperware mystérieusement percés d'une vingtaine de petits trous.

    Il répond à nos questions, parfois complètement à côté, mais ne s'en rend pas compte.

    Certains moments il nous fixe profondément, puis perd le fil de sa pensée fragile, de longs silences s'installent alors.

    Deux ou trois fois il se met à fixer le plafond, les yeux écarquillés.

    Nous parlons, ils nous écoute poliment mais les mots semblent glisser sur lui.

    Il posséde une guitare dans sa housse, posée dans le couloir. Il nous dit ne jamais avoir réussi à en jouer et qu'il veut s'en séparer et quitter cet appartement.

    Il semble parfois se rendre compte de la maladie dans laquelle il est engoncé. Mais ses journées sont identiques, sa vie n'avance pas.

    Il a 31 ans, il vit au fond d'une impasse, dans un lieu étonnant pour une grande ville comme Lyon, comme un bout d'enfance qui aurait survécu au milieu du béton, des travaux alentours.

    Lui aussi il est resté coincé quelque part dans sa vie, à l'abri du temps qui passe, qu'il ne comprend d'ailleurs certainement pas.

  • Mon premier voyage spatio-temporel (et Hardy)

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     (Photo by Andy Caddyshack)

    Mardi 17H30 j’avais RV avec les médecins, scientifiques et autres opérateurs numériques pour mon premier voyage dans le long tunnel baigné de lumière blanche.

    Pour tromper le temps en attendant le trip, on a calé le poste de télé sur TF1, ce qui me permet de me tenir au courant du « Destin de Lisa » qui a de gros problèmes avec son ami David qui fait rien qu’à disparaître et que même que l’on sait pas où il est, vu qu’il a disparu et qu’elle elle le cherche de partout en demandant, sans doute sous l'effet d'une puissante drogue, à un de ses potes s’il ne peut pas entrer dans le système informatique de la banque (de David) pour vérifier s’il  n’aurait pas acheté un billet d’avion (mon dieu !!!)

    C’est aussi angoissant qu’une publicité pour les conventions obsèques Norwich union, mal joué et mal doublé par des étudiants en CAP cinéma option « pâte à modeler et tectonique des plaques ».

    Mon regard se porte alors sur un numéro de Géo sur la table

    « De la lecture » me dis je trop heureux d’échapper aux turpitudes hypnotisantes de cette gourdasse teutonne.

    Le titre porte sur la rénovation du Grand Louvre (ah bon il s’est écroulé …)

    Au dos il y a une pleine page de pub pour des clopes.

    J’ai un doute.

    Mon doute est fondé le numéro est de 1992 ………….

    On ne parle donc pas trop de Sarkozy, ni du déclin de notre planète et le commandant Massoud à l’air en pleine forme sur les photos du reportage consacré à Kaboul (en ce 11 septembre j’apprécie beaucoup cet humour).

    C’est à moi.

    Je passe en cabine, je me déshabille et me demande si l’habit en tissu se noue devant ou derrière (presque aussi angoissant que la barbe dessus ou dessous le drap pour le capitaine Haddock).

    Comment va se passer le voyage, vais je entrevoir la lumière blanche, y être happé et me baigner dans l’éther ?

    Vais je revoir pleins d'informations refoulées, de lieux oubliés ?

    J’entre dans la pièce, l’appareil est là, énorme, ronronnant doucement, il fait froid.

    L’opératrice me rassure, je m’allonge et je rentre dans la capsule.

    Le voyage a duré 25 minutes que je pensais reposantes, apaisantes, planantes, comme une pub pour Obao.

    Quand on m’a posé un casque anti-bruit sur la tête, j’ai eu des doutes………..

    Ce ne fut alors qu’une longue frénésie de bruits assourdissants, de pulsations impitoyables, de grondements sourds dignes d’une rave techno hard-core animée par Laurent Ho et Torgull.

    J’en vins à regretter Lisa et son destin pitoyable d’étudiante écervelée.

    Mon genou gauche lui va bien par contre, on me le coupera pas.

    Mes tympans eux, par contre, ne font pas les (Manu le) malins.

  • Lendemain de fête

    Les Insectes Sont Nos Amis vous font part de la disparition de :  

    La Ford Fiesta

    1992-2007

     

    Une cérémonie aura lieu au garage du coin avant le broyage intégral.

    Ni fleurs ni couronnes

     

    Biographie :

     

    La petite Fiesta naquit en 1992 à Valence.

    Elle permit d'abord au jeune Dragibus débordant de sève de faire les 15 kilomètres pour aller chez sa mie, toute nouvellement entrée dans sa vie.

    Leur amour pu ainsi fructifier se bonifier et même s’exercer…..

    La petite Fiesta emmena ensuite le jeune Dragibus, tous les lundis matins, tôt, très très tôt, vers Draguignan faire son se(r)vice militaire, avec ses amis trouffions aussi dégoûtés de la vie.

    Puis une fois la vie civile retrouvée, les amis du (un peu moins) jeune Dragibus posèrent leurs fesses sur ses sièges pour circuler dans la Drôme pour traquer concerts, boites de nuit, bals et autres barbecues en plein air dans les chaudes nuits d’été.

    La vie était belle, insouciante.

    L'éléphant bleu était mon ami.

    Il y avait là toujours de la musique, enregistrée sur musicassette, déversée par des baffles approximatives, grâce à des autoradios bouffeurs de bandes.

    Après 3 années d’errances professionnelles, la Fiesta conduisit ensuite toutes les semaines le (de moins en moins jeune) Dragibus et sa mie à Lyon étudier.

    Mais l’air de la grande ville ne lui réussit guère

    Tout d’abord elle fut volée et retrouvée accidentée toute cassée.

    Un marbre plus tard elle reprit du service bon an mal an, malgré une direction elle maintenant approximative.

    Ensuite une nuit, elle se fit défoncer sur tout un côté par un délicat individu certainement dépourvu de carte de visite.

    Elle lutta alors vaillamment contre la dégénérescence carrossière et malgré la concurrence d’une nouvelle voiture allemande, plus clinquante , plus vigoureuse.

    Elle refusait de démarrer l’hiver venu, têtue, voulant montrer qu’elle pouvait encore exister, mais était parfaite pour se faufiler dans le jungle automobile lyonnaise, ne redoutant rien n'y personne.

    Reléguée à la rue pour faire de petits trajets, plus très propre sur elle, on lui vola une de ses roues une nuit.

    Puis enfin dernier coup bas, la semaine dernière on essaya à nouveau de la dérober, malgré les ans, la rouille, les toiles d’araignées, la tôle tordue et la mousse qui poussait gentiment à la base de ses vitres arrières (sales).

    Tordue, humiliée en public, ses fils pendouillant misérablement, devenu un gouffre financier, nos routes ne pouvaient maintenant que se séparer.

    Repose maintenant en paix.